Le procureur au secours de chantal Biya

DÉTOURNEMENT AU FEICOM

Le procureur au secours de chantal Biya

Le procès Etat du Cameroun contre Emmanuel Gérard Ondo Ndong et les autres se poursuit avec l’audition ce 17 décembre 2006, de l’expert qui a recensé les aides financières, dont celles accordées à la Fondation Chantal Biya

L’inspecteur d’Etat, Dieudonné Tchana, était attendu de pied ferme par les conseils de Ondo Ndong et les autres. Et pour cause, il est l’auteur du rapport d’expertise qui recense, à la demande du parquet, les aides accordées par le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunal (Feicom) entre 1999 et 2005. Le rapport en question a été utilisé pendant l’information judiciaire. Il révèle que près de 1,5 milliards de francs Cfa ont été détournés dans le cadre des aides. Mais au cours de son audition, l’expert présente quatre-vingt-quatre (84) pièces originales, justifiant un montant d’environ 850 millions de francs Cfa. Dans les explications sur sa méthode de travail, il précise avoir fait des additions sur deux cent treize (213) pièces originales ordonnant des décaissements. Mais il n’a pu obtenir toutes les pièces auprès du Feicom, hier matin, 16 décembre 2006.

D. Tchana présente le contenu de chaque pièce. On découvre des aides pour la construction ou la réhabilitation d’écoles, routes et hôpitaux, et d’autres sans objet à hauteur de 50 millions de francs. On apprend en plus que Roger Milla a perçu 5 millions de francs Cfa comme aide du Feicom à la participation de Tkc handball à la 18e Coupe d’Afrique des nations en 2002. Dans le même ordre, des journaux tels que “ La Nouvelle Presse ” et “ Le Libéral ” ont respectivement touché 3,8 et 6 millions de francs Cfa. Un certain Evouna Pie Claude est cité douze (12) fois, dans ces aides pour activités agricoles et piscicoles, pour un total supérieur à 100 millions de francs.

Le procureur

Me Nkouendji, avocat de Ketchami le caissier principal réagit. Il demande à D. Tchana pourquoi certains noms contenus dans son rapport, à l’exemple de la Fondation Chantal Biya (Fcb), Gervais Mendo Ze ou Lekene Donfack n’ont pas été évoqués. Le procureur de la République tente de l’interrompre. Il reproche à l’avocat d’évoquer la Fcb à des fins inavouées et affirme : “ la première dame n’est pas une indigente, elle n’a jamais demandé de l’argent à Ondo Ndong. Il faut que cela se sache. ” Tollé général. La pression monte dans la salle et l’audience est suspendue.
Ondo Ndong explique que c’est plutôt la Fcb qui a aidé le Feicom en lui offrant son projet d’adduction d’eau. Pour le cas Mendo Ze, il précise qu’il s’agissait d’un échange de services entre la Crtv et plusieurs entreprises d’Etat, car cette dernière avait besoin de fonds pour couvrir la coupe du monde 2002. Me Nkouendji précise : “ en combattant le rapport d’expertise, nous combattons l’ordonnance de renvoi. ” Me Ebanga, conseil de Ondo Ndong vient à sa suite relever les incohérences entre le rapport et les chiffres présentés, et tente de faire apparaître le bien-fondé des aides du Feicom. Me Nguini, pour sa part, demande en quoi des aides justifiées par la ligne budgétaire “ contributions de solidarité ” sont un délit ou un crime.

Apologie

L’accusation crie à l’ “ apologie du crime ” et rappelle à la défense qu’au lieu de demander le rejet de l’expertise, elle devrait demander une contre-expertise. “ Quant aux bonnes actions sociales de Ondo Ndong ”, Me Ongolo rappelle : “ le mobile n’est pas pris en compte dans la responsabilité pénale ”. La partie civile continue en révélant qu’au cours de l’information judiciaire, Emile Andze Andze, en qualité de membre du conseil d’administration du Feicom, a dit avoir relevé la mauvaise gestion de Ondo Ndong. Ce dernier aurait même été rappelé à l’ordre par le conseil d’administration. La défense contre-attaque en révélant que E. A. Andze n’est pas aussi “ propre ” qu’il veut le clamer. Il aurait perçu 40 millions de francs Cfa comme aide, dans le cadre de la fameuse ligne de “ contribution de solidarité ”.
Le procès continue ce jour avec l’audition du second expert et l’ouverture des débats sur le grief : “ distraction au moyen d’une vente aux enchères simulée ”.

Par Edouard TAMBA
In Le Messager du 18-12-06

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